Deux jeunes hommes arrivent chez un couple âgé. Ils s’installent, disposent côte à côte leur caméra neuve et le vieux projecteur d’Aléxis. Ils plongent la maison dans le noir puis les images et les récits surgissent au fil des quatre bobines d’Algérie.
C’est l’histoire d’un journaliste de campagne, citoyen et solidaire. Il circule de lieu en lieu : c’est un Charon, un passeur, le détenteur d’une mémoire collective. Son terrain est un monde. Il semblerait que pour lui la pratique du lyrisme soit presque une question de morale. Tout au moins, c’est une façon rigoureuse et volontaire d’être un grand vivant.
Jacky Jay a construit sa maison parmi les potagers du village, sur un terrain non constructible. Il souhaite agrandir le chalet dans l’espoir d’y accueillir un jour une femme et des enfants. Un week-end sur deux, il va chercher son frère Christophe au CAT. CAT ? “Centre d’Accueil pour Enfants Sauvages” dirait Christophe, venu donner un coup de main à son frère pour la construction du chalet. Le film se construit sur leur récit de vie et leur relation, et la construction d’une pergola.
Combien de films documentaires ont-ils été réalisés sur l’histoire et la mémoire des bassins miniers du Nord de la France ? C’est que bien avant même leur fermeture, du temps de leur plein essor, ces sites industriels étaient déjà sujets de multiples récits, documentaires ou fictions, dont Germinal est l’exemple le plus connu.
En revanche, combien de mines ont été exploitées dans le reste du pays, éparpillées suivant l’intérêt des filons et des opportunités industrielles ? Ces sites, plus modestes, moins médiatisés, sont des zones blanches de la mémoire collective audiovisuelle. Pourtant, on nommait ici aussi mineur l’homme qui allait y travailler, et ni son quotidien ni son labeur n’était tellement éloigné de son collègue du nord ou d’ailleurs.
En répondant à l’appel des Amis de la mine de Saint Pierre la Palud (69), j’ai réalisé une série de 10 documentaires de 6 minutes autour de la vie de la mine de pyrite de fer. Les témoins, mineurs, femmes, enfants, employés de la mine, raniment leurs souvenirs pour raconter les relations sociales construites autour de la mine, de son équipe de foot, de sa coopérative, de sa “cité”, les rapports entre les communautés d’immigrés, italiens, polonais, et l’évènement qu’a été sa fermeture définitive en 1972.
A quelle drôle d’occasion peut-on réaliser une documentaire croisant le portait d’un maraîcher avec celui d’un très jeune plasticien ?
Lancé en 2010 par le gouvernement Sarkozy et dirigé par le tout frais mais oublié depuis “Conseil pour la création artistique”, le Festival Imaginez maintenant fût aussi controversé qu’enthousiasmant et éphémère.
Le principe était de créer un évènement national pendant lesquels les grandes villes de France feraient la part belle aux jeunes créateurs dans les domaines de la création, du paysage à la musique en passant par le cirque et la vidéo.
Au sein d’un collectif de jeunes documentaristes regroupés sous la bannière de l’association l’Embardée, nous nous sommes embarqués dans l’aventure du festival Imaginez Maintenant à Amiens, en 2009.
Notre projet initial était de raconter la mise en place d’un tel festival dans l’espace si particulier des hortillonnages d’Amiens. Cette zone de marais alimentés par les eaux de la Somme vient jusqu’au cœur du centre ville. Tantôt parc publique, tantôt jardin privé, tantôt zone de pavillon secondaire ou principal, les hortillonnages abritent aussi une zone d’agriculture qui continue d’être cultivée par l’acharnement de quelques maraîchers attachés à cette terre sans égal.
Parmi les glaces de février, nous avons commencé par suivre Francis, maraîcher habité par son métier et son paysage.
Puis nous avons rencontré Thomas, étudiant à la fac d’art d’Amiens et très jeune participant au festival Imaginez Maintenant.
A nos yeux, tous les deux portaient le même élan inaliénable et joyeux pour la concrétisation d’un projet aussi ambitieux que délirant.
Et notre participation au festival fut de livrer un film documentaire d’une heure réalisé collectivement : A bras d’corps
Qui n’a pas dit en arrivant à New York, « on se croirait dans un film ! » ?
S’il est un pays dont je n’avais d’images que cinématographiques, c’était plutôt l’Iran. Cette réalité qui m’était totalement inconnue, je l’avais d’abord découverte par le regard sobre et maîtrisé de Kiarostami. Puis par celui de Jafar Panahi et d’Asghar Farhadi pour ne citer que les plus diffusés. De l’Iran, les médias nous font cette faveur de nous laisser aujourd’hui relativement vierges d’images, au profit de celles du cinéma, et quel cinéma !
Alors que retenir de quelques jours passés à Téhéran au début de l’hiver, étant venu sans appareil photo ? Lire la suite
