L’Aire

Françoise et Dominique se croisent tous les jours sur une aire de voyageurs. Françoise y élève sa famille ; elle se sent à l’étroit dans son rôle. Dominique en est le gardien, mais il s’apprête à partir après deux ans de présence quotidienne. Les murs s’effritent au bout de la route étroite.

Réalisation | Laetitia Jacquart

Images | Fabien Blanchon | Laetitia Jacquart |

Stabana Production – Jérémy Durand | 36 min | 2010

Festivals | Les inattendus – Lyon – 2012 |  Doc en goguette – Donzy le national – 2012

 

Récit de tournage

Avec Laetitia Jacquart, la réalisatrice de ce film, nous avons passés les deux derniers mois de l’année à tenter de faire accepter la présence de la caméra et de notre toute petite équipe de trois personnes sur une aire d’accueil municipale pour “Gens du voyage”.

Il faut tout de suite oublier l’espoir de se fondre dans le décor. Le décor de l’aire, c’est la haie qui l’enclos, et au delà, les champs cernés par l’autoroute, la déchetterie et l’aérodrome. L’aire, c’est un espace où quand bien même on croise quelqu’un en dehors de sa caravane, il se rend peut être aux toilettes ou à la douche. Et tourner autour des caravanes c’est tourner autour d’une maison. Même si l’aire est un terrain municipal, ici il n’y pas d’espace “publique”, tout est domestique. A l’exception d’un seul endroit, le bureau du gardien et ses alentours, c’est à dire le portail et les poubelles. Et lorsque enfin l’on nous invite dans une caravane, difficile de filmer une vie subitement obstrué dans son mouvement par trois corps de plus dans un espace réduit.

Parce que tous les espaces où presque sont domestiques, parce qu’on ne sera jamais autre chose que des “gadjo”, des non-gitans, parce qu’il faut osciller entre refus et prise à parti, filmer le quotidien d’une aire d’accueil de gens du voyage n’a rien d’évident.

Et pourtant, c’est une occasion unique de saisir la réalité d’une vie qui se déroule à l’écart de nos villes, aux marges de nos sociétés et pourtant bien dans le même monde.